13

 

 

 

La coque était satisfaisante et ses dimensions convenables. Le métal était sain. Les hublots d’observation étaient ternis et sales mais ils étaient bien disposés et leur étanchéité ne laissait rien à désirer. Woudiver se tenait à côté de Reith tandis que ce dernier inspectait la carène, une expression de tolérance hautaine peinte sur ses traits. On avait l’impression que chaque jour il inventait une tenue plus extravagante que la veille. Aujourd’hui, il portait un deux-pièces noir et jaune et un chapeau noir orné d’un plumet écarlate. L’agrafe de sa cape était un ovale argent et noir fendu le long du petit axe ; sur l’une des deux moitiés figurait une tête de Dirdir stylisée et, sur l’autre, un masque humain. Son regard croisa celui de Reith et il hocha la tête avec componction.

— Tu ne l’aurais sans doute pas deviné à mon physique mais mon père était un Immaculé.

— Vraiment ? Et ta mère ?

La bouche de Woudiver se crispa.

— C’était une dame de haute naissance, originaire du Nord.

— Une fille de cuisine thang qui avait du sang de femme des marais, laissa tomber Artilo, debout devant le sas d’entrée.

Woudiver soupira.

— En présence d’Artilo, les chimères romanesques sont impossibles. Toujours est-il que, s’il n’y avait pas eu l’intervention accidentelle d’une matrice erronée, tu aurais devant toi Aïla Woudiver, Homme-Dirdir Immaculé du Degré Violet, et non Aïla Woudiver, négociant en matériaux de construction et vaillant chevalier des causes perdues.

— C’est illogique, murmura Anacho. Je dirais même : improbable. Il n’y a pas un Immaculé sur mille qui conserve les Attributs Primitifs.

Le teint de Woudiver vira instantanément au coquelicot et il brandit un doigt épais avec une stupéfiante promptitude.

— Qui a l’audace de parler de logique et de probabilité ? Le renégat Ankhe at afram Anacho ! Qui a arboré le Bleu et Rose sans avoir subi l’épreuve de l’Angoisse ? Qui a disparu en même temps que l’Excellence Enze Edo Ezdowirram, que nul n’a jamais revu depuis ? Un fier Homme-Dirdir, cet Ankhe at afram !

— Je ne me considère plus comme un Homme-Dirdir, rétorqua Anacho d’une voix unie. J’ai définitivement renoncé au Bleu et Rose de même qu’aux trophées de ma race.

— En ce cas, aie la bonté de t’abstenir de commentaires sur la triste situation de quelqu’un qui a la malchance d’être exclu de la caste à laquelle il appartient légitimement.

Anacho se détourna. Il était ivre de rage mais, manifestement, il jugeait plus sage de tenir sa langue. En définitive, Aïla Woudiver n’était pas resté inactif et Reith se demandait jusqu’où il avait poussé son enquête.

Peu à peu, Woudiver reprit son sang-froid. Ses lèvres se contorsionnaient, il gonflait les joues. Il émit un reniflement méprisant.

— Passons à des questions… plus lucratives. Quelle est ton opinion sur cette carène ?

— Favorable, répondit Reith. Il était difficile d’espérer mieux dans la mesure où elle provient de la décharge.

— C’est aussi mon avis. L’étape suivante va naturellement être un peu plus difficile. Mon ami, qui travaille aux Chantiers, n’est pas plus désireux que moi de finir sa carrière dans la Boîte de Verre, mais une quantité suffisante de sequins peut faire merveille. Parlons un peu argent, à propos. J’ai déboursé huit cent quatre-vingt-dix sequins pour acheter cette coque, somme que je trouve honnête. Frais de transport : trois cents sequins. Un mois de loyer pour le local : mille sequins. Total : deux mille cent quatre-vingt-dix. Ma commission – mon profit personnel, en quelque sorte – étant de dix pour cent, soit deux cent dix-neuf sequins, tu me dois deux mille quatre cent neuf sequins.

— Attends un peu ! Le loyer est de mille sequins pour trois mois ! C’est ce que je t’ai offert.

— Ce n’est pas assez.

— Tu auras cinq cents sequins, et pas un clair de plus. Maintenant, pour ce qui est de ta commission, soyons raisonnables ! Tu as assuré le transport de la coque en prenant un bénéfice, je te paye un gros loyer pour ton entrepôt : je ne vois pas pourquoi je devrais te verser une guelte de dix pour cent sur ces deux rubriques par-dessus le marché !

— Et pourquoi pas ? fit doucement Woudiver. Cela t’arrange que je te fournisse ces services. J’ai deux visages, si l’on veut : je suis à la fois expéditeur et pourvoyeur. Si l’expéditeur trouve un fournisseur qui lui convient, bon marché et efficace, doit-il pour autant se voir refuser sa rémunération ? Si le transport avait été assuré par un autre, le prix aurait été le même et tu m’aurais donné mon dû sans protester.

La logique de l’argumentation était sans faille et Reith ne tenta pas de la réfuter.

— Je n’ai pas l’intention de payer plus de cinq cents sequins un vieux hangar croulant que tu aurais été bien heureux de louer pour deux cents.

Woudiver leva un index jaune.

— Tu oublies les risques ! Nous nous apprêtons à détourner des biens de grande valeur. J’aimerais que tu comprennes que ce que je te réclame représente pour une part le prix du service rendu et pour une part une compensation destinée à apaiser ma terreur de la Boîte de Verre.

— Ton point de vue est admissible, mais en ce qui me concerne, ma position est la suivante : les cordons de la bourse demeureront serrés jusqu’à ce que l’astronef soit prêt. Quand il sera en état de décoller, le plein fait et les soutes à vivres remplies, tout l’argent qui restera sera à ta disposition. Cela me sera alors parfaitement égal.

— Vraiment ? (Woudiver se gratta le menton.) Dans ce cas, dis-moi combien tu possèdes pour que nous puissions nous organiser en conséquence.

— J’ai un peu plus de cent mille sequins.

— Mmmph ! Je me demande si on arrivera même à faire le travail. Alors, pour ce qui est du…

— Nous sommes tout à fait d’accord. C’est justement pour cela que je tiens à limiter au strict minimum les frais parasites.

Woudiver se tourna vers Artilo.

— Tu vois où j’en suis réduit ? Tout le monde prospère sauf moi. Comme d’habitude, c’est la générosité qui me perdra.

Artilo poussa un grognement qui n’engageait à rien. Reith aligna ses sequins.

— Cinq cents… c’est exorbitant pour ce hangar délabré. Transport : trois cents. La coque : huit cent quatre-vingt-dix. Je t’accorde dix pour cent sur cette dernière somme. Donc, quatre-vingt-neuf. Soit un total de dix-sept cent soixante-dix-neuf sequins.

Le visage jaune et large de Woudiver refléta une série de sentiments divers et variés.

— Je te rappelle que la politique de parcimonie s’avère souvent la plus coûteuse au bout du compte, déclara-t-il finalement.

— Si le travail est bien fait, tu ne m’accuseras pas de ladrerie : tu verras plus de sequins que tu n’en as jamais rêvés. Mais je suis décidé à ne payer qu’en fonction des résultats. Il est de ton intérêt d’accélérer les choses au maximum. Si les fonds s’épuisent, tout le monde sera perdant.

Pour une fois, Woudiver ne trouva rien à répondre. Il contempla d’un air affligé les sequins qui étincelaient sur la table, puis se mit en devoir de mettre à part les pourpres, les écarlates, les bleus et recompta le tout.

— Tu es dur en affaires, soupira-t-il.

— Pour notre bien à tous les deux.

Le poussah serra les sequins dans sa bourse.

— Eh bien, s’il faut y aller, allons-y ! (Ses doigts pianotèrent sur sa cuisse.) Je pense aux pièces. Quelles sont celles dont tu as besoin en priorité ?

— Je ne connais rien à la mécanique dirdir. Il nous faut l’avis d’un spécialiste. Un tel homme devrait se trouver ici.

Woudiver décocha à Reith un regard en biais.

— Si tu es aussi ignorant, comment espères-tu pouvoir piloter la fusée ?

— Je connais les astronefs wankh.

— Humph ! Artilo, va chercher Deïne Zarre au Club technique.

 

Woudiver regagna son bureau, laissant Reith, Anacho et Traz dans le hangar. L’Homme-Dirdir considéra la carène.

— Cette vieille crapule a bien choisi. C’est une Ispra, un modèle à présent démodé. On lui préfère le Concax. Pour simplifier le travail, il va falloir se procurer des pièces d’Ispra.

— On peut en trouver ?

— Sans aucun doute. Tu lui as bien rivé son clou à ce sagouin ! Son père, un Immaculé ? La bonne blague ! Mais qu’il ait eu pour mère une femme des marais, ça je veux bien le croire ! Il ne ménagera certainement pas ses efforts pour percer nos secrets.

— J’espère qu’il n’en apprendra pas trop long.

— Tant que nous serons en état de payer, il n’y aura rien à craindre. Nous disposons d’une coque saine payée un prix honnête et le loyer lui-même n’était pas trop exorbitant. Mais prudence : il n’est pas homme à se satisfaire d’une marge bénéficiaire normale.

— Il est sûr et certain qu’il va nous filouter, mais si nous disposons au bout du compte d’un astronef capable de fonctionner, cela m’est égal, au fond.

Reith se mit à tourner autour de la coque. De temps en temps, il avançait la main pour la palper avec une sorte d’émerveillement. C’était là l’ébauche massive et définitive du vaisseau qui le ramènerait chez lui ! Brusquement, il éprouvait une espèce d’affection pour ce bloc de métal froid en dépit de sa silhouette dirdir.

Traz et Anacho étaient sortis. Ils paressaient, jouissant de l’éclat parcimonieux du soleil. Reith alla les rejoindre. Il avait des images de la Terre plein la tête et le paysage lui parut soudain insolite – comme s’il le voyait pour la première fois. Sivishe, ses ruines et sa grisaille, les tours de Heï, la Boîte de Verre dont les surfaces que caressaient les rayons de 4269 de La Carène avaient des reflets de bronze : c’était Tschaï. Il dévisagea Traz et Anacho : c’étaient des hommes de Tschaï.

Il s’assit sur le banc.

— Qu’y a-t-il dans la Boîte de Verre ? demanda-t-il.

Anacho parut surpris de son ignorance.

— C’est un parc qui simule l’antique Sibol. Les jeunes Dirdir y apprennent à chasser et leurs aînés s’entraînent ou se délassent. Il y a des promenoirs pour les spectateurs. Les proies sont constituées par des criminels. Il y a des rochers, une flore sibolienne, des falaises, des grottes. Il arrive parfois qu’un homme réussisse à se soustraire à ses poursuivants pendant plusieurs jours.

Le regard de Reith se posa sur la Boîte de Verre.

— Et les Dirdir sont en train de se livrer à leur sport au moment où nous parlons ?

— Je le suppose.

— Et les Hommes-Dirdir Immaculés ?

— Ils sont parfois autorisés à chasser.

— Et ils dévorent leurs proies ?

— Bien sûr.

Sur le chemin creusé d’ornières apparut la voiture noire. Elle souleva une gerbe d’éclaboussures en passant dans une flaque de boue grasse avant de s’arrêter devant le bureau d’où Woudiver émergea, silhouette adipeuse et grotesque dans ses fanfreluches jaunes. Artilo sauta à terre et un vieillard descendit à son tour. Il avait une tête décharnée, un corps difforme ou contrefait et il se déplaçait avec lenteur comme si chaque effort lui était une souffrance. Woudiver se précipita en se rengorgeant, lui adressa quelques mots et le conduisit jusqu’au hangar.

— Voici Deïne Zarre qui supervisera l’entreprise, annonça-t-il au Terrien. Deïne Zarre, je te présente un homme de race indéterminée qui dit se nommer Adam Reith. Derrière lui, tu vois un Homme-Dirdir malversateur dénommé Anacho et un jeune garçon, apparemment originaire des steppes du Kotan. C’est avec ces trois-là que tu auras affaire. Moi, je ne suis qu’un intermédiaire. Tu t’arrangeras avec Adam Reith.

Deïne Zarre étudia le Terrien. Ses yeux gris pâle semblaient presque lumineux par contraste avec ses pupilles noires.

— De quoi s’agit-il ?

Un de plus à mettre dans la confidence, songea Reith. Il y avait déjà Woudiver et Artilo qui étaient au courant, et c’était encore trop. Mais le moyen de faire autrement ?

— Nous avons une coque d’astronef et nous voulons en faire un vaisseau fonctionnel.

L’expression de Deïne se modifia à peine. Il scruta Reith pendant quelques secondes, puis pivota sur lui-même et entra dans le hangar en boitillant. Il ne tarda pas à en ressortir.

— C’est dans le domaine du possible. Tout est possible. Mais est-ce faisable ? Je ne sais pas. (Il dévisagea encore le Terrien.) Il y a des risques.

— Woudiver ne semble pas d’une inquiétude extrême. Et, de nous tous, c’est lui qui se laisse le plus impressionner par le danger.

Deïne Zarre lança à l’intéressé un coup d’œil impartial.

— C’est aussi celui qui a le plus de souplesse d’esprit et le plus de ressources. Pour ma part, je ne crains rien. Si les Dirdir viennent me chercher, j’en tuerai le plus grand nombre possible.

— Allons, allons ! le gourmanda Woudiver. Les Dirdir sont ce qu’ils sont – des êtres dotés d’un courage et de qualités fantastiques. Ne sommes-nous pas, eux et nous, Frères de l’Œuf ?

Zarre exhala un grognement maussade.

— Qui fournit les appareillages, les outils et les pièces ?

— Qui veux-tu que ce soit ? répliqua sèchement Woudiver. Les Chantiers, bien sûr !

— Il nous faudra des techniciens. Au moins six. Et des hommes d’une discrétion à toute épreuve.

— Il y a là un aléa, reconnut Woudiver. Mais il existe des moyens de persuasion susceptibles de réduire les risques : le stimulant de l’argent si Reith paie bien, le stimulant de la raison si Artilo est assez convaincant et le stimulant de la peur si je leur fais comprendre à quoi ils s’exposeraient en ayant la langue trop bien pendue. Sivishe est la cité des secrets, c’est une chose que l’on ne doit jamais oublier. Et nous pouvons en témoigner…

— C’est exact. (Pour la troisième fois, le regard de Deïne Zarre fouilla Reith.) Où comptes-tu aller à bord de ton astronef ?

— Il va chercher un trésor fabuleux dont nous aurons tous notre part, dit Woudiver sur un ton railleur – ou malveillant.

Deïne Zarre sourit.

— Je ne veux pas de trésors. Tu n’auras qu’à me donner cent sequins par semaine. C’est tout ce dont j’ai besoin.

— Pas plus ? s’exclama Woudiver. Tu fais diminuer ma commission !

Mais le vieil homme ne prêta pas d’attention à l’objection.

— Tu as l’intention de te mettre au travail dès maintenant ?

— Le plus tôt sera le mieux.

— Je vais établir la liste de ce qui nous sera immédiatement nécessaire. (Il se tourna vers Woudiver :) Quand pourras-tu livrer le matériel ?

— Dès qu’Adam Reith m’aura remis les fonds.

— Passe la commande dès ce soir. J’apporterai l’argent demain.

— Quels seront les honoraires de mon ami ? s’enquit Woudiver avec aigreur. Faudra-t-il qu’il travaille pour rien ? Et la gratification des gardes-magasin ? Tu crois qu’ils accepteront de regarder de l’autre côté pour nos beaux yeux.

— Combien te faut-il ? demanda Reith.

Woudiver hésita avant de répondre d’une voix morose :

— Evitons une querelle futile. Je te donne tout de suite le chiffre minimum : deux mille sequins.

— Tant que cela ? C’est incroyable ! Et il y aura combien d’hommes à acheter ?

— Trois. Le surveillant adjoint et deux gardes.

— Ne discute pas, fit Deïne Zarre. J’ai horreur des marchandages. Si tu dois faire des économies, tu n’auras qu’à me payer moins cher.

Reith commença par protester, puis il haussa les épaules et réussit à sourire d’un air douloureux.

— Très bien. Va pour deux mille sequins !

— Encore une chose, dit Woudiver. La marchandise sera payable au prix d’inventaire. Il est difficile de voler à forfait.

 

Durant la soirée, quatre camions arrivèrent devant le hangar, où on les déchargea. Reith, Traz, Anacho et Artilo poussèrent les caisses à l’intérieur après que Deïne Zarre eut vérifié sa liste. Woudiver arriva à minuit.

— Tout va bien ?

— Pour autant que je sache, nous avons l’essentiel, lui assura le vieil homme.

— Parfait ! (Woudiver tendit une feuille de papier à Reith.) Voici la facture. Tu noteras qu’elle est détaillée. Inutile de tempêter.

Le Terrien alla tout de suite au total, qu’il lut dans un souffle :

— Quatre-vingt-deux mille sequins !

— Tu pensais que cela ferait moins ? laissa tomber altièrement Woudiver. Et mon courtage n’est pas compris. En tout, tu me dois quatre-vingt-dix mille deux cents sequins.

Reith se tourna vers Zarre.

— Avons-nous encore besoin d’autre chose ?

— Absolument pas.

— Combien de temps faut-il compter ?

— Deux ou trois mois. Davantage si les éléments sont très déphasés.

— Combien devrai-je donner aux techniciens ?

— Deux cents sequins par semaine. Contrairement à moi, ce sont des gens qui ont l’appât du gain.

Sur l’écran de sa mémoire, Reith vit soudain se dérouler un film. Les Carabas : des collines fauves, des rochers gris, des taillis épineux, les feux macabres qui s’allumaient dans la nuit. Il se revoyait en train de traverser l’Avant-Pays en rentrant les épaules, il revoyait la fosse que ses compagnons et lui avaient creusée dans la forêt pour piéger les Dirdir, il revoyait Anacho, Traz et lui-même se ruer en direction du Portique des Clartés. Quatre-vingt-dix-mille sequins, c’était presque la moitié de ce qu’il… Si ses réserves filaient trop vite, si la vénalité de Woudiver se révélait par trop outrancière… il n’osait penser à ce qui arriverait alors.

— Tu auras l’argent demain.

L’autre eut un hochement de tête qui n’avait rien d’encourageant.

— Très bien. Sinon, demain soir la marchandise réintégrera le magasin.

Le Dirdir
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